L'Ecole Freinet
Vence
Le travail vivant
Invariant n° 12
"La mémoire, dont l'Ecole fait tant de cas,
n'est valable et précieuse que lorsqu'elle est vraiment au service de la vie."
« Toute méthode est regrettable qui prétend faire boire le cheval qui n’a pas soif ».
Freinet a pensé une école ouverte sur le monde :
-
Qui cultive la curiosité naturelle de l’enfant
-
Qui permet d’observer, expérimenter, s’interroger, rechercher, raisonner, comprendre, intérioriser…
-
Qui donne la possibilité à chacun d’épanouir ses potentialités et développer sa créativité.
Plusieurs institutions permettent de mettre au centre de la classe
la soif de découvertes et les centres d’intérêts des enfants :
les trouvailles, les recherches, les conférences…
Les trouvailles
Les enfants sont incités à présenter à l’école des actualités-trouvailles pour partager avec leurs camarades une découverte ou un événement :
-
son carnet de vacances (récit et photos)
-
un fossile (exposé chez mamie)
-
le braille (découvert sur la boite de médicament)
-
un crâne de sanglier( trouvé dans la forêt )
-
L’incendie de Notre-Dame (vu à la télé)
-
une carte postale d’une œuvre de Picasso (après la visite du musée)
-
la guitare (instrument qu’il apprend)
-
l’Euro (qui fête ses 20 ans)
Les recherches
Les trouvailles rapportées de la maison,
les découvertes faites dans la forêt de l'école
ou lors des "classes promenades"
attisent la curiosité des enfants et débouchent souvent sur des enquêtes...
Les conférences
Chaque enfant prépare deux conférences par an sur un sujet qu’il choisit librement.
Tout comme les centres d’intérêt des enfants, les sujets de conférences sont inépuisables :
L’enfant expose son sujet devant un auditoire attentif qui le questionne, puis le félicite et le conseille à la fin de la conférence. C’est pour tous non seulement un enrichissement de la culture générale mais aussi un développement de la curiosité et de l’esprit de recherche, constamment maintenus en éveil.
-
Le Tchad (où sa maman est née)
-
Les ovni (auxquels il croit)
-
Les hommes préhistoriques (ses ancêtres)
-
Les sangliers (qui traversent son jardin)
-
Louis XIV (après la visite de Versailles)
-
Les robots (qui le passionnent)
-
La reproduction (question qui l’interroge)
La coccinelle, qu'elle observe dans son jardin.
Le rugby, qu'il pratique depuis deux ans.
Le calcul vivant
Ancrer l'apprentissage dans le réel,
se questionner, raisonner, manipuler,
c'est montrer à l'enfant
que la mathématique est vivante.
La vie courante regorge de problèmes à résoudre :
une sortie à financer,
un livre à acheter,
un gâteau à préparer,
des graines à planter...
Schématiser, peser, soupeser,
transvaser, mesurer, rembourser...
C'est travailler sur le concret,
calculer, pour de vrai.
"Avons-nous assez d'argent dans la caisse
pour notre sortie de fin d'année? "
"Aujourd'hui, nous avons planté 10 plans de tomates sur 8 rangées, combien y en a-t-il dans le potager ? "
L'enseignant se sert ainsi de ces situations de vie spontanée
pour faire apprendre en contexte.
Les visiteurs surprises
ont droit eux aussi
à être mesurés !
Nos poules ont-elles assez de place
dans leur poulailler ?
Un enfant de la classe est inquiet.
Il faut mesurer la surface en m².
Oui, mais qu'est-ce que c'est un mètre carré ?
Pour chaque anniversaire,
les enfants enfilent leur tablier.
L'occasion de mettre la main à la pâte
tout en construisant des connaissances.
Les projets
C’est à la suite de trouvailles, de recherches, de conférences, de textes libres, de propositions en réunion de coopérative... que de nombreux projets voient le jour. La « part du maître » consiste alors à rebondir sur ces questionnements qui émergent de la vie de la classe.
"J'ai trouvé une colonne vertébrale
au col de Vence".
"Moi, j'ai un crâne de sanglier chez mon papi !"
Toute la classe s'est enthousiasmée :
"Et si on apportait tous les os
qu'on a trouvés ?"
C'est ainsi que l'enquête a démarré
et a débouché sur la création
d'un musée des os.
Les enfants, devenus "guides",
ont fait faire la visite aux autres classes.
Un enfant passionné de géographie, souhaitant voyager dans le monde entier...
Un jour, l'idée a germé :
"Et si on traçait le monde dans la cour de récré ?"
Le projet est proposé en grande réunion, il remporte l'adhésion des camarades.
L'atelier est lancé !
A présent, le monde est à nos pieds...
Le travail manuel
L'Ecole « développe uniquement une intelligence intellectuelle et pas manuelle, seulement pour préparer les examens. Déconnectée de la vie, de la pratique. C’est la négation complète d’une culture, une culture intégrée à la vie. » C. Freinet
Dans la pédagogie de Freinet, il n’y a pas de hiérarchie entre le travail intellectuel et le travail manuel.
Les enfants pratiquent régulièrement le jardinage, le bricolage, la couture, la cuisine…
avec de vrais outils et non un matériel spécifiquement conçu pour eux.
"Plus que des emboitements et des pyramides, l'enfant cherche spontanément l'emploi des outils.
Il clouera n'importe où, sciera un barreau, tournera la manivelle pour la contempler...
Cela est une étape et ne doit rester qu'une étape.
L'enfant doit s'en servir pour des réalisations vitales.
Il ne voudra plus planter des clous mais réaliser une caisse."