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Célestin Freinet

Ecole Normale et 1ère guerre mondiale

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Freinet est né le 15 octobre 1896 dans le petit village de Gars (06).

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Ecole Normale d'Instituteurs, Nice.

Il entre à l’École Normale d'Instituteurs de Nice en 1913 mais venant d'avoir 18 ans, il est contraint de la quitter en 1915 pour rejoindre l'école militaire de St Cyr, puis le front de la Grande Guerre.

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Après une grave blessure par balle au poumon en 1917 lors de l'offensive du chemin des Dames, il est reconnu mutilé de guerre et reçoit la médaille militaire.

Il est affecté en 1920 à l'école de Bar-sur-loup. Ses difficultés respiratoires le rendent incapable d'accomplir son métier comme on le lui a enseigné : en faisant des leçons, en parlant sans cesse.

Il part alors à la recherche de techniques de travail nouvelles, d'une pédagogie où l'appel du monde prend le pas sur la scolastique, "ouvrant l'école sur la vie."

"Quand je suis revenu de la Grande guerre en 1920, je n'étais qu'un "glorieux blessé" du poumon, affaibli, essoufflé, incapable de parler en classe plus de quelques minutes. Malgré ma respiration compromise, j'aurais pu, peut-être, avec une autre pédagogie, accomplir un métier que j'aimais. Mais faire des leçons à des enfants qui n'écoutent pas et ne comprennent pas (leurs yeux vagues le disent avec une suffisante éloquence), s'interrompre à tout instant pour rappeler à l'ordre les rêveurs et les indisciplinés par les apostrophes traditionnelles, c'était là peine perdue dans l'atmosphère confinée d'une classe qui avait raison de mes possiblités physiologiques. Comme le noyé qui ne veut pas sombrer, il fallait bien que je trouve un moyen pour surnager. C'était pour moi une question de vie ou de mort. " Célestin Freinet, 1964, extrait de "Les techniques Freinet de l'Ecole Moderne"

l'Education Nouvelle

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Dans une Europe traumatisée par la guerre 14-18, plusieurs pédagogues accusent l’école d’avoir été responsable de ce désastre en ayant formaté et préparé de braves petits soldats à l’obéissance, au patriotisme, au sacrifice.

L’éducation apparait comme la seule possibilité de changer le monde.

C'est dans ce contexte qu'Adolphe Ferrière fonde le mouvement

de l'Ecole Active, en opposition à l'école assise,

que Maria Montessori et Ovide Decroly ouvrent leurs écoles 

mettant l'enfant au centre de la pédagogie,

que Célestin Freinet réfléchit à des outils d'expression libre.

Ainsi, en 1921,

 Freinet écrit ses premiers articles dans l’École Émancipée

et le premier congrès de "la Ligue Internationale pour l’Éducation Nouvelle"

voit le jour. Adolphe Ferrière appelle les pédagogues des différents pays

à se réunir.

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Lors de ce premier congrès, Alexander S. Neill, fondateur de l'école libertaire SummerHill affirme :

 

« L’école ne peut être que l’œuvre du démon :  l’enfant aime la nature, on le parque dans des salles closes, l’enfant aime voir ses actions servir à quelque chose, on fit en sorte qu’elles n’eurent aucune utilité, aucun but. Il aime manier les objets, on le mit en contact avec les seules idées, il voudrait s’enthousiasmer, on inventa les punitions. Alors les enfants apprirent des choses qu’ils n’auraient jamais appris sans l’école : ils surent dissimuler, ils surent tricher, ils surent mentir. »

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Adolphe Ferrière,
co-fondateur de La Ligue Internationale pour l'Education Nouvelle et à l'origine du mouvement de l’École Active,
oriente les essais de Freinet.
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Ovide Decroly (Belgique), Pierre Bovet (Suisse), Béartrice Ensor (Royaume-Unis), Edouar Claparède (Suisse), Paul Geheeb (Allemagne) et Adolphe Ferrière (Suisse) lors du congrès de Locarno en 1927.

En 1923, Freinet participe au 2ème congrès de la Ligue à Montreux en Suisse " où se côtoyaient les grands maîtres de l'époque [...]" écrit-il.

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Sous Lénine, l’Union Soviétique œuvre pour mettre en place une "éducation nouvelle". 

 

En 1925, un an après sa mort, Freinet est invité en URSS pour observer les écoles laboratoires.

 

Il est subjugué par ce qu’il voit et écrit à son retour « Un mois avec les enfants russes ».

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Vladimir Iltch Lénine

« Mais sitôt que je me retrouvais seul dans ma classe, sans le soutien et l’appui moral des penseurs que j’admirais, je me sentais désespéré : aucune des théories lues et entendues ne pouvait être transposées dans mon école de village. Les seules réalisations valables étaient celles de certaines écoles nouvelles d’Allemagne ou de Suisse qui, avec un nombre réduit d’élèves et une profusion d’éducateurs de choix, fonctionnaient dans des conditions qui n’avaient rien de comparable avec celles que je devais subir.

Force m’était de revenir tant bien que mal aux techniques et aux outils traditionnels, de faire des leçons que nul ne comprenait, de faire lire des textes qui, même s’ils étaient simples, ne signifiait rien dans le devenir éducatif des enfants. 

 

ll me fallait, dans ce climat épuisant, me démener, pour essayer, tel un clown sans talent, de retenir un instant, artificiellement, l’attention fugitive de mes élèves. »

Célestin Freinet, Les techniques Freinet de l’école moderne, 1964

Les classes promenades

Puis Freinet entend parler des « classes promenades » qu'il expérimente dans sa classe.

C’est ce qu’il appelle alors « sa planche de salut ».

Le principe consiste à sortir de la classe pour arpenter le milieu proche et connu de l'enfant, l'étudier et en faire un support de travail. 

« Au lieu de somnoler devant un tableau de lecture, à la rentrée des classes de l’après-midi, nous partions dans les champs qui bordaient le village. Nous admirions les gestes méthodiques du forgeron, du menuisier, du tisserand. […] Nous observions la campagne aux diverses saisons. [...] Nous n’examinions plus scolairement autour de nous la fleur ou l’insecte, la pierre ou le ruisseau. Nous les sentions avec tout notre être. »

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« Nous ramenions nos richesses : des fossiles, des chatons de noisetiers, de l’argile ou un oiseau mort… [...] Quand nous retournions en classe, nous écrivions au tableau le compte rendu de la « promenade ». [...] Mais la vie s’arrêtait à cette première étape. Faute d’outils nouveaux et de techniques adéquates, je n’avais d’autres ressources , pour enseigner la lecture d’un texte imprimé, que de dire sur un ton résigné : «  Maintenant, prenez votre livre de lecture page 38… » Et pendant que nous lisions une page également étrangère à l’intérêt des enfants et du maître, nous avions encore dans la tête, vivaces et parlantes, les images de la promenade. »

L'imprimerie et le texte libre

C'est alors que Freinet a l'idée d’intégrer dans sa classe ce qui va lui permettre de concrétiser son souhait :

faire des comptes-rendus des classes promenades et des textes libres des enfants

des supports de lecture captivants.

"Je me disais alors: "Si je pouvais, par un matériel d'imprimerie adapté à ma classe, traduire le texte vivant, expression de la promenade en pages scolaires qui remplaceraient les pages du manuel, nous retrouverions, pour la lecture imprimée, le même intérêt profond que pour la préparation du texte lui-même. C'était simple et logique, si simple que je m'étonnais que nul n'y ait pensé avant moi. J'essayais alors de réaliser mon rêve."

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J'avais d'emblée, par intuition et bon sens, fait confiance aux enfants. Et j'avais eu raison. Si au départ, je leur avais demandé d'imprimer des textes d'adultes étrangers à leur propre vie, ils se seraient bien vite lassés de la nouveauté que  je leur offrais, comme ils se lassent du beau manuel tout neuf [...]

J'avais jeté la graine. J'ai aidé à son éclosion pour démontrer que le besoin de création et expression est une de ces idées force selon lesquelles peut se bâtir un renouveau pédagogique incomparable. L'avenir allait me donner raison."

Les techniques Freinet de l'Ecole Moderne, 1964

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"Les enfants se passionnèrent pour la composition et l'imprimerie. [...] Ce texte avait été coulé dans le métal et imprimé. Et tous les spectateurs, l'auteur au premier chef, se sentaient émus à la sortie de l'imprimé, à la vue du texte magnifié qui prenait désormais valeur de témoignage. La pensée et la vie de l'enfant pouvaient désormais devenir des éléments majeurs de sa culture."

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En 1926, le premier numéro de "l'Imprimerie à l'école, bulletin mensuel de la coopérative d'entr'aide l'Imprimerie à l'Ecole" paraît.

La même année, Freinet épouse Elise Largier-Bruno qui sera, sa vie durant, sa principale collaboratrice. 

 

Avec elle, l'art en liberté entre à l'école.

Le premier congrès de l'imprimerie à l'école a lieu à Tours en 1927 et la Gerbe, première revue rédigée et illustrée par les enfants, parait !

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"L'affaire de Saint Paul"

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Freinet enseigne dans la petite école de Saint Paul de Vence depuis 1928.

La situation est de plus en plus conflictuelle avec la mairie, notamment en raison des scissions politiques  communistes/nationalistes et  du rejet de la pédagogie prolétarienne instaurée par Freinet par la municipalité qui lui est hostile pour des raisons politiques.

Les tentions s'intensifient alors que la municipalité refuse d'accorder l'aide financière nécessaire au bon fonctionnement de l'école. Freinet rappelle qu'il assure lui-même le balayage de sa classe, scie et refend le bois de chauffage, prête ses récipients pour aller chercher à la fontaine publique l'eau nécessaire à l'hygiène. Il multiplie les réclamations et demande à la municipalité de remplir ses obligations. En vain. (Le maire continue de bloquer la situation en empêchant le fonctionnement de la Caisse des Écoles qui permettait de financer partiellement les dépenses en fournitures ou en matériel scolaire.)

De plus, l'expression libre que favorise Freinet dans sa classe dérange.

Jusque-là, Freinet a pu appliquer sa pédagogie à Saint-Paul, mais un jour, un texte d’enfant publié dans le journal de classe par ses élèves fait scandale et met le feu aux poudres. Freinet est accusé d'incitation à la violence.

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1934 :

Bâtir "une école nouvelle"

Suite à "l'affaire de St Paul" Freinet démissionne de l'enseignement public.

Il quitte Saint Paul pour Vence où il veut bâtir "l'école nouvelle".

"L'Ecole Freinet " ouvre officiellement ses portes en 1935.

Freinet veut en faire une école du peuple.

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En 1937-1938, l'Ecole Freinet accueille des enfants espagnols réfugiés de la guerre d'Espagne.

L'école devient leur terre d'asile dans des difficultés matérielles et financières innombrables.

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Pour en savoir plus sur l'école et sa construction,

reportez -vous à la page "Historique" dans l'onglet "École".

1940-1945: en guerre

Comme beaucoup de militants communistes,

Freinet fait l'objet d'une surveillance policière renforcée depuis plusieurs années.

Le 20 mars 1940, après plusieurs perquisitions de l'école et des locaux coopératifs,

Freinet est arrêté par la police de Vichy.

Il est interné dans divers camps, dans le Var, l'Ardèche, le Tarn. 

Puis libéré le 31 octobre 1941, il rejoint Élise à Vallouise où il est assigné à résidence,

sous surveillance policière. 

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De 1940 à 1943,

le temps de l'inaction devient le temps de l'écriture.

Dans les camps comme à Vallouise,

Freinet bâtit son œuvre.

Il continue en parallèle ses fonctions d'éducateur,

écrit des lettres, organise des cours, initie des illettrés,

publie des journaux. 

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Il participe à l'organisation de la résistance et du Maquis F.T P de Beassac.

Il prend une part directe et décisive dans toutes les opérations de guerre de la région,

dans l'accueil aux réfugiés, dans la réorganisation économique et administrative de l'arrière. 

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1945 - 1966

En 1945, le couple Freinet retourne à Vence et rouvre les portes de leur école à la rentrée.

"On repart à zéro". 

"Du fait de mon isolement, notre école de Vence a été abandonnée et pillée. Il ne reste guère que les murs. Mais le matériel de la Coopérative entassé par la police dans les locaux mis sous scellés sera, malgré l'humidité et les rats, partiellement sauvé."

En 1945, l'école accueille alors des enfants victimes de guerre. 

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Au sortir de la guerre, Freinet propose un "plan de modernisation de l'enseignement primaire". 

 

"On fait bien valoir les ponts détruits, les ports sabotés, les wagons rares [...] mais on n'insiste jamais suffisamment sur la situation catastrophique du matériel humain. Et si même on se rend compte de la déchéance physiologique de l'enfance d'aujourd'hui, on n'accorde pour ainsi dire aucune importance à la situation intellectuelle et morale de cette même jeunesse". 

 

"Alors, dans une école enfin modernisée [...], l'enfant pourra se préparer intellectuellement, moralement, socialement et techniquement à vivre en homme et en citoyen conscient". 

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En 1947, l'Institut Coopératif de l'Ecole Moderne voit le jour, sous l'impulsion de Freinet. 

Les militants et abonnés aux revues se comptent par milliers. 

Freinet dirige la CEL, anime les Congrès, édite les revues. 

Le mouvement ne cesse de gagner en ampleur. 

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Le 8 octobre 1966, Freinet meurt à Vence à presque 70 ans.

Il est enterré à Gars, son village natal. 

Il reste aujourd'hui l'un des plus grands pédagogues. 

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