L'Ecole Freinet
Vence
Historique
1933- 1934:
La construction
Toutes les photos d'époque présentes sur ce site sont issues des archives de Madeleine Freinet
Après avoir quitté l'Education Nationale et l'école de Saint Paul de Vence en 1933, Freinet achète un terrain sur la colline du Pioulier pour y fonder l'école dont il rêve, une "école nouvelle", "réserve d'enfance".
« Je prends la seule voie qui me semble possible pour continuer l’œuvre qui est toute ma vie », déclare-t-il.
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La construction de l'école s'amorce au printemps 1934, avec des amis maçons et des voisins.
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Freinet choisit un site naturel boisé, minéral, escarpé... qui permettra à l'enfant de grandir au contact de la nature, d'y développer naturellement sa motricité et son agilité. Les marches elles-mêmes sont construites avec des irrégularités, de manière à ce que l'enfant les monte non machinalement, mais en conscience.
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Un seul maçon, Jean Barraco et les manœuvres :
Freinet, les voisins et les enfants.
Octobre 1934 :
l'Ecole ouvre ses portes.
Libre de ses recherches, Freinet peut créer
son « laboratoire vivant ».
Freinet a fondé l'école sans autorisation.
C’est le ministre Jean Zay du Front populaire qui a, en juillet 1936, autorisé son ouverture officielle.
Construction du théâtre dans les années 60.
Les statues sont réalisées par Élise Freinet, avec l'aide des enfants.
Une école qui s'inscrit dans le mouvement naturiste
L'école, son espace, son architecture, ont été pensés et conçus comme lieu de soin et de bien-être pour le corps.
Potager et verger cultivés par les enfants permettent une quasi auto-suffisance en légumes.
Les repas sont végétariens.
Le bassin d'irrigation des cultures permet également la baignade ainsi que la pratique quotidienne et matinale du "choc froid", été comme hiver à l'image des saunas et bains nordiques. Les enfants allaient ensuite à la chaufferie pour provoquer un contraste de température et la stimulation du système immunitaire.
Des toits terrasses ont été conçus pour permettre aux enfants d'y prendre des bains de soleil.
L'école en vie
De 1934 à 1940, l'école vit.
Elle accueille entre 1937 et 1940, pendant la guerre d’Espagne, des enfants réfugiés.
Freinet ayant introduit l'imprimerie dans la classe et inventé le journal scolaire,
ces enfants peuvent écrire, illustrer et imprimer leur histoire.
Les enfants s'expriment librement...
à travers l'écriture, le dessin, la peinture, le modelage, le théâtre, la danse...
travaillent à leur rythme, individuellement et collectivement,
développent leur goût du travail, leur curiosité, leurs centres d'intérêts, leur personnalité,
apprennent à vivre ensemble et à oeuvrer pour la communauté.
"L'enfant développera au maximum sa personnalité au sein d'une communauté qui le sert et qu'il sert."
Célestin Freinet, Pour l'école du peuple.
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1940 - 1945
L'école fermée...
En 1940, Freinet est arrêté par la police de Vichy sur dénonciation en raison de ses positions politiques.
L'école ferme ses portes et les rouvrira après la guerre.
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"Trois policiers en civil avaient surgi en classe un matin. Pendant que l'un d'eux restait avec nous, les deux autres avaient amené mes parents au bureau pour un interrogatoire serré. [...] Tant de choses plaidaient contre mon père : ses engagements politiques, son passé de militant syndicaliste, le secours aux Espagnols, ses articles révolutionnaires dans l’Éducateur Prolétarien." Madeleine Freinet
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"Mais l'école n'a pas cessé de vivre le 20 mars 1940 " écrit -elle.
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Freinet la confie à Josef Fisera, résistant tchecoslovaque,
qui y ouvre une Maison d'Accueil Chrétienne pour Enfants (MAEC).
Des centaines d'enfants, orphelins de guerre et adultes fuyant le Nazisme y trouvent refuge.
Ainsi, 129 juifs, dont 82 enfants, y seront cachés et sauvés de la déportation.
source photo : Arch. Joseph Fisera
crédit photo : USHMM
source photo : Arch. Joseph Fisera
crédit photo : USHMM
Enfants juifs et enfants tchèques devant le portrait du maréchal Pétain
1941-1942
Le personnel du MACE avec, au 1er plan Joseph Fisera
1941-1943
En septembre 1945,
l'école rouvre ses portes.
1946 - 1966 :
20 ans d'enseignement
En 1947, Freinet fonde l'ICEM,
Institut Coopératif de l'Ecole Moderne.
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Il est mondialement connu depuis des années.
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Outre la formation des enfants, l'école accueille et forme des enseignants à la pédagogie Freinet,
lors des stages d'été.
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En 1965, il crée l'Institut Freinet afin de fédérer chercheurs et praticiens de la pédagogie.
Freinet transmet ses idées, organise des congrès et journées d'étude pendant 20 ans,
jusqu'à sa mort en 1966.
Et après la mort de Freinet ?
À la mort de Freinet le 8 octobre 1966,
Elise prend la direction de l'école, de l'ICEM et se charge de former de nouveaux enseignants.
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Lorsqu'Elise meurt en 1983, c'est sa fille Madeleine qui permet à l'école de perdurer.
Mais les difficultés financières se font de plus en plus sentir :
il faut entretenir les nombreux bâtiments vieillissants, assurer la restauration, payer les deux cuisinières et le factotum. Madeleine B. Freinet ne veut pas augmenter les frais de pension afin que l'école reste accessible au plus grand nombre.
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l'école manque de fermer.
C'est alors qu'en 1991, Madeleine a l'opportunité de vendre l’école à l’Etat
par l'intermédiaire de Lionel Jospin, Ministre de l’Éducation Nationale.
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L'école devient alors école publique d'état
dont le budget de fonctionnement sera géré par le Centre International de Valbonne.
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Madeleine obtient que certaines conditions soient respectées :
la pédagogie d'Elise et Célestin Freinet doit être préservée et poursuivie dans l'école,
les trois enseignantes en place restent en poste,
le nombre d'élèves est fixé à 66 enfants
et les inscriptions ne sont pas soumises à la carte scolaire.
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En 2001, l'école est inscrite au Patrimoine du XXème siècle,
par les enfants de la classe de Carmen Montès qui souhaitent la préserver.
Ceux-ci contactent le Ministère et présentent leur projet à l'Assemblée.
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En 2005, dans le cade de la loi de décentralisation, les bâtiments sont transférés au département.
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Le Département des Alpes-Maritimes recrute le personnel territorial,
finance le fonctionnement de l'école,
engage d'importants travaux de rénovation...
Il rachète quelques années plus tard le bois de l'école aux héritiers de Freinet,
préservant ainsi l'espace naturel forestier du lieu.
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En 2009, lors du départ à la retraite de deux des trois enseignantes de l'équipe,
une convention est signée entre l'Inspection Académique
et le laboratoire des sciences de l'éducation de l'université de Nancy
afin de protéger le patrimoine immatériel de l’École.
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La même année, l'Institut Freinet de Vence voit le jour, créé par l'équipe de l'école.
Il se fait le garant des pratiques transmises par Elise Freinet.
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Les enseignants de la nouvelle équipe pédagogique y sont formés,
recrutés sur "poste à profil" par une commission composée de la directrice de l'école,
d'un représentant de l'université de Lorraine et présidée par l'Inspecteur d'Académie.
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Ils s'engagent à se questionner,
à être observés dans leur pratique,
à prendre part à la Recherche,
dans le but de conserver l'esprit de cette pédagogie et de cette école historique.
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Aujourd'hui, alors que la pédagogie Freinet apparaît plus que d'actualité,
l'Ecole Freinet reste un lieu de recherche et de réflexion sur l'Education
en lien avec les enjeux de la société actuelle.
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